Deux hélicoptères, quatre navires de la SNSM, une patrouille de gendarmerie… Ce ne sont pas les moyens d’un film américain mais ceux engagés par le CROSS Corsen dimanche 23 octobre à Saint-Jacut-de-la-Mer (Côtes d’Armor) pour retrouver deux véliplanchistes égarés.
Il est 19h20. De fortes brises soufflent sur le littoral. « 6 à 7 sur l’échelle de Beaufort, précise Philippe Grudé, président de la station de Saint-Briac-sur-Mer. On aurait dit un mistral, calme au bord mais puissant au large. » Des conditions piégeuses pour les adeptes de la voile. Un proche des planchistes remarque que leur véhicule n’a pas bougé du parking de la plage. Ils sont partis trois heures plus tôt, sans moyen de communication. On entend siffler le vent dans les arbres. Les grosses branches tanguent. Il passe l’alerte, inquiet.
L’hélicoptère Dragon 50 de la Sécurité civile est le premier envoyé dans les bourrasques. Les conditions météo se corsent, le soleil se couche. Il faut agir vite ! De conséquents moyens sont déployés par le CROSS Corsen. Le semi-rigide SNS 7–005 Enez Bihan de Saint-Cast-Le-Guildo est le premier appareillé. Il est rapidement épaulé par les vedettes SNS 273 Saint Seoc de Lancieux et SNS 454 Notre Dame de L’Epine II de Saint-Briac-sur-Mer. Chacun a sa zone de recherche, le temps presse.
Le dispositif terrestre n’a rien à envier à son homologue marin. Une patrouille de gendarmerie et des pompiers d’un véhicule de secours et d’assistance aux victimes (VSAV) observent la mer. Un pompier supplémentaire prend le rôle de « moderato », pour coordonner ces effectifs. Une heure après le message d’alerte, les recherches semblent vaines. « Dans ces moments-là, on reste concentré sans laisser les états d’âme prendre le dessus », confie Philippe Grudé.
Une dérive d’un mille nautique
Il est 20h30, il fait nuit noire. Les secours sont renforcés. Il faut retrouver les deux hommes avant la nuit. Un second hélicoptère, un Caïman de la Marine nationale avec un médecin à son bord, décolle. La vedette SNS 286 GMF Laplace de Saint-Cast-Le-Guildo est engagée pour relever l’équipage du SNS 7–005 Enez Bihan. La gendarmerie localise les téléphones des planchistes dans leur véhicule. Ils sont bien à l’eau, pas de doute possible.
Le périmètre de recherche est agrandi, mais aucune trace des disparus. La tempête ne se calme pas. Les rafales atteignent 30 nœuds en mer. Le Dragon 50 quitte la zone, bredouille et à cours de carburant. Fort heureusement, le Caïman a davantage de réussite et localise les quinquagénaires. Ils ont trouvé refuge sur les îles des Ebihens… à 1 mille au large de leur lieu de départ !
Les deux hommes sont pris en charge par le médecin de l’hélicoptère. Puis ils sont hélitreuillés jusqu’au véhicule des pompiers, en bonne santé. « Consulter la météo, s’assurer de son matériel et emmener des moyens de communication sont des réflexes indispensables pour éviter de vivre ce type de situation », conclut Michel Payrat, patron de la station de Saint-Briac-sur-Mer, espérant que cette mésaventure serve d’exemples aux usagers téméraires.
Par Rémy Videau
Équipage engagé
Semi-rigide SNS 7–005 Enez Bihan
Patron : Philippe Poirier
Equipiers : Pascal Fillon, Philippe Ricros, Rudolph Urbinati
Vedette de 2ème classe SNS 273 Saint Seoc
Patron : Luc Favre
Vedette légère SNS 454 Notre Dame de L’Epine II
Patron : Michel Payrat
Patron suppléant : Gilles Verriere
Equipiers : Yves Jacoulet, Lauranne Jacoulet, Hubert Gazeau
Vedette de 2ème classe SNS 286 GMF Laplace
Équipage de relève